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SAINT MÉTROPOLITE PHOTIUS

Augustin Sokolovski

Le 15 juillet, l'Église célèbre la mémoire de saint Photius de Kiev. Sa fête, selon l'ancien calendrier liturgique, est facile à retenir, car elle marque exactement la moitié de l'été. Saint Photius fut le dernier métropolite de l'Église russe, nommé à Constantinople. Bien qu'il fût grec et, au moins au début de son pontificat, ne connaissant pas le russe, sa glorification s'est faite progressivement au fil des siècles et, comme souvent pour les saints russes, elle a été privée de toute apothéose de sainteté propre aux canonisations grecques et byzantines.

Son pontificat fut exceptionnellement long. Il fut ordonné en 1408. Seulement deux ans plus tard, en 1410, il arriva à Moscou, dévastée par la Horde d'Or. En 1433, après la mort de Photius, l'évêque Gérasime tenta de lui prendre le trône, mais il fut immédiatement impliqué dans les conflits internes de l'État lituanien. Capturé par les dirigeants locaux, il fut brûlé vif en 1435. Une mort aussi terrible, tragique, absurde et en même temps martyre de cet évêque a complètement sapé l’autorité de ceux qui ont délibérément agi ainsi dans l’espoir d’instiller la peur chez leurs adversaires.

Le métropolite suivant, Isidore, signa l'Union Ferrare-Florence de 1439, fut expulsé de Moscovie et termina ses jours à Rome comme doyen du collège des cardinaux. Après cela, l'Église russe proclama son indépendance. Le Concile des évêques, indépendamment des « Grecs », élit Jonas métropolite. Photius doit donc être considéré comme le dernier saint de l'Église russe à faire partie de Constantinople. Il est significatif et bibliquement magnifique que ce dernier don hiérarchique de Constantinople à la future Russie se soit révélé authentique dans des circonstances totalement apocalyptiques.

On ignore comment Photius était perçu par ses contemporains. Mais, à en juger par les chroniques, les documents et les lettres, il semble qu'il descende des icônes de la vie des anciens évêques. Moine par vocation, il obéit au staretz dès sa jeunesse. Il accepta son élection à la tête de l'Église russe comme une obédience et n'avait aucune ambition personnelle. Demeurant officiellement métropolite de Kiev, faute de diocèse moscovite à cette époque, il se rendit à Kiev et, en 1420, il rétablit l'unité fragile de la métropole. Rappelons que les souverains lituaniens et polonais cherchaient déjà à créer un autre métropolite de Kiev, indépendant de la Rus' du Nord.

Photius mit de l'ordre dans les affaires ecclésiastiques, délabrées après la dévastation de Moscou par les Turcs et la longue absence du métropolite de la ville. En 1425, il assista exactement au centenaire du transfert du métropolite de Kiev à Moscou, qui, rappelons-le, eut lieu exactement mille ans après le concile œcuménique de Nicée en 325. Ce concile fêta ses 1700 ans en 2025. Photius mourut en 1431, le jour du millénaire du troisième concile œcuménique d'Éphèse. Byzantin cultivé, il aurait très bien pu être au courant de telles coïncidences.

Enfin, peu avant sa mort, il eut une vision d'un ange qui non seulement prédit sa fin imminente, mais lui indiqua également le temps qui lui restait pour se repentir. Du point de vue de la théologie de la sainteté, il s'agit assurément d'un privilège des saints.

Les historiens débattent encore de la date exacte de la canonisation officielle de Photius. Il est fort probable que cela ne soit pas nécessaire. Après tout, l’Église, cette Société des pèlerins vers la Jérusalem céleste, en chemin de toute une vie, sait depuis longtemps qu’il est déjà là, dans la Ville Sainte de l’Apocalypse, intercédant pour ces pèlerins et le monde entier.