Augustin Sokolovski
Le quarantième jour après Pâques, l'Église célèbre l'Ascension du Christ. Dans les textes liturgiques des Vêpres et des Matines, les auteurs ont donné à cet événement différentes significations. Il s'agit d'une signification morale, d'une signification dogmatique, enfin d'une tentative presque poétique de comprendre comment les Apôtres eux-mêmes percevaient cet événement.
La chose la plus importante est que l'Ascension est l'un des fondements du dogme chrétien. Le christianisme n'est ni une loi, ni un ensemble de règles. Par conséquent, la signification dogmatique de l'Ascension est extrêmement importante.
Jésus-Christ monte au Ciel. La chair humaine s'élève au-dessus du Ciel. Les anges s'émerveillent. Le Père céleste bénit le « retour » de son Fils là où il était auparavant. Il y a environ trente-trois ans, le Fils de Dieu est descendu du Ciel. Mais il n'avait alors ni chair ni sang. Il est descendu au moment de sa conception, du Saint-Esprit et de la Vierge Marie, comme le dit notre Credo.
Maintenant, le Fils de Dieu retourne au Ciel. Dieu le Père a toujours été avec Son Fils. En même temps, Il est resté au Ciel. Le Fils de Dieu s'est fait homme. Jésus-Christ, le Fils de Dieu, a vécu sur terre. Dieu le Père attendait vraiment Son Fils. Le Fils de Dieu a manqué au Père. Maintenant, Il revient.
Mais le Fils de Dieu ne revient pas seul. Il revient avec un nom humain. Il revient avec une chair humaine, avec une âme humaine, avec une nature humaine. Le Fils de Dieu revient avec un cœur humain, avec la joie humaine et la douleur et la tristesse humaines, causées par ceux qui L'ont crucifié. « Je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplication ; et ils tourneront les regards vers moi, celui qu’ils ont percé ; et ils pleureront sur lui comme on pleure sur un fils unique, et ils pleureront sur lui comme on pleure sur un premier-né », écrivait le prophète Zacharie bien avant tous ces événements (Zacharie 12 :10).
Dans cette extraordinaire humanité de Dieu, révélée dans le Christ Jésus comme le sang et l’eau qui ont coulé de son côté transpercé sur la Croix (Jean 19, 34), nous trouvons l’aspect le plus caractéristique, le plus incompréhensible et le plus mystérieux du christianisme.
C’est le point doctrinal qui était déjà rejeté par les anciens maîtres hérétiques, appelés gnostiques et manichéens. Ils niaient l'incarnation de Dieu et ils ne pouvaient en aucune façon l’accepter ce que les chrétiens enseignaient. C'est précisément le « nerf de la foi chrétienne orthodoxe », que l'on peut appeler l'humanisation fondamentale de Dieu par les chrétiens.
L'Ascension révèle cette « prédisposition » de Dieu envers l'homme. Elle affirme l'unité de Dieu et de l'homme en Jésus-Christ, initialement rejetée par l'islam. Cela constitue la principale différence entre l'islam et le christianisme.
On peut apprécier ou non cette caractéristique du christianisme, la critiquer ou la contester. Mais il en est ainsi, et il est important de le connaître. C'est l'essence même de la foi chrétienne.
En Jésus-Christ, Dieu s'est fait homme, Dieu a un cœur humain qui bat. Et il en sera ainsi pour toujours. C’est ce qui devient visible dans l’Ascension. L'Ascension est une grande fête et une célébration grandiose. C’est un jour spécial pour remercier Dieu.
L'Église est une société de croyants qui, comme Jésus-Christ durant sa vie terrestre, effectue un pèlerinage à travers l'histoire vers la Jérusalem céleste. L’Église remercie Dieu et le Père pour la Résurrection de son Fils. Elle remercie Dieu et le Père pour l'Ascension.
L'Église glorifie Dieu parce que Jésus est monté au ciel non pas seul, mais avec sa chair et son sang, avec lesquels il nourrit les chrétiens ici-bas, ici et maintenant, et toujours, jusqu'à son retour du ciel. Il nourrit les chrétiens orthodoxes dans des Saints Mystères, dans les sacrements et surtout dans l'Eucharistie. Gloire à Dieu pour le don immense de son Fils Jésus-Christ.