Publications

PETITES PÂQUES

Augustin Sokolovski

Par tradition, on appelle chaque dimanche « petites Pâques ». Nous sommes tellement habitués à ce nom que nous le percevons généralement comme une simple figure de style. Mais il n'en est rien.

On sait que dans l'Église primitive, il y avait au moins trois façons de célébrer Pâques. Les différentes Églises et communautés suivaient des traditions différentes.

Certaines célébraient Pâques le premier dimanche après l'équinoxe de printemps et la pleine lune. Il s'agit d'une pratique de célébration fixe. Il y a exactement mille sept cents ans, elle fut rendue obligatoire par le premier concile œcuménique de Nicée (325). Ainsi, cette année, la fête de Pâques célèbre son anniversaire !

D'autres célébraient Pâques quel que soit le jour de la semaine. C’était une célébration mobile, qui dépendait du quatorzième jour du mois juif de Nisan.

Enfin, il était courant de célébrer Pâques tous les dimanches de l'année.

Les premiers chrétiens attendaient le retour immédiat du Seigneur Jésus lors de sa Seconde Venue. Nombre d'entre eux s'attendaient à deux choses : soit le retour du Seigneur, soit sa rencontre prochaine dans la souffrance du martyre personnel. La prise de conscience que l'histoire générale du monde allait bientôt se terminer, ou bien que la vie pourrait bientôt prendre fin, est devenue une expérience mystique, dans laquelle chaque croyant savait qu’il pourrait tout simplement ne pas vivre assez longtemps pour voir la prochaine Fête de Pâques.

La foi en la seconde venue du Christ est solennellement confessée dans notre Credo. « Je crois au Seigneur Jésus, qui reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts. Son règne n'aura pas de fin. »

Rappelons que les nazis appelaient leur État le « Troisième Reich ». Que voulaient-ils dire par là ? Soyons attentifs. Dans cette exclamation « soyons attentifs » dans la liturgie orthodoxe, il s’agit d’ailleurs là aussi d’un appel eschatologique. Selon les nazis, le Premier Royaume, ou littéralement le Premier Reich en allemand, correspondait au temps de l'Ancien Testament, c'est-à-dire au Royaume du Père. Le Second Royaume est le Royaume du Fils, c'est-à-dire le Temps du Nouveau Testament. Ainsi, aux yeux de ces ennemis de l'humanité, le temps du Nouveau Testament est également terminé. D'où le « troisième temps », le Troisième Empire, le Troisième Royaume, le Troisième Reich, le pseudo-Royaume du Saint-Esprit, auquel ils s'identifiaient avec audace et folie. Ils se proclamaient le Royaume du Saint-Esprit, mais ils étaient la tyrannie de l'esprit du mal, qui fut renversé en quelques années.

« Je crois au Seigneur Jésus, dont le Royaume n'aura pas de fin. » À chaque liturgie divine, à chaque complies – c'est le dernier office de chaque jour – et à chaque office de minuit – c'est le premier service liturgique de la journée, le Credo est obligatoirement lu. « Si tu as peur, récite le Credo », disait le Père de l’Église saint Ambroise de Milan.

En célébrant la Petite Pâques de la Résurrection du Seigneur Jésus, l’Église, en tant que Société de croyants, qui fait un pèlerinage dans l’histoire vers la Jérusalem céleste, c'est-à-dire nous tous, nous nous sommes appelées à s’inspirer de la grandeur et profondeur de la célébration de Pâques chaque dimanche.

Ainsi, en appelant le dimanche « Petite Pâques » et en le célébrant, nous nous reconnaissons comme les héritiers des premiers disciples du Christ. Il s'avère que les mots « Dimanche – Petite Pâques » sont aussi un véritable symbole de foi, bien que très bref. « La foi de l’Église s’exprime en paroles courtes et concises. », écrivait saint Augustin. La Petite Pâques est la confession que le retour du Seigneur est imminent.