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JEUDI SAINT

Augustin Sokolovski

Le Jeudi Saint est une célébration profonde et unique. Il n'existe rien de comparable et il est impossible de trouver quelque chose de semblable. C'est une fête, mais elle est profondément triste. Or, c'est précisément de cette douleur triste, surnaturelle et remplie de grâce, que naissent les sacrements. Il s'agit de l'Eucharistie, du sacerdoce, et de l’onction. Chacun de ces sacrements est vivifié par la Dernière Cène du Seigneur.

Dans l'Eucharistie, que l'Église célèbre et célébrera jusqu'au retour du Christ, comme le dit Saint Paul, la Dernière Cène est reproduite par le souvenir de la Pâque du Seigneur.

Dans le sacerdoce, le prêtre, ou l'évêque, qui préside la communauté ecclésiale dans le culte, représente le Christ dans les moments culminants de l'action liturgique. À l'image des actes et des paroles du Seigneur lors de la Dernière Cène, le prêtre se tient devant Dieu et, en même temps, par l'invocation de l'Esprit Saint et la récitation des paroles du Seigneur, devient le médiateur de la présence réelle de Dieu parmi les hommes, ici et maintenant, dans l'histoire.

La présence réelle est une catégorie théologique, philosophique et simplement humaine très importante. C'est par elle que se construisent l'Église et toute l'histoire humaine. En Christ Jésus, l'histoire du monde est devenue la préparation du Trône.

L'Onction, dont le lien avec la Dernière Cène est évident, révèle la puissance guérisseuse de Dieu par le lavement des pieds des hommes pécheurs et la participation miséricordieuse de la personne souffrante et malade à la réalité miséricordieuse de l'hospitalité de Jésus.

Au moment du repas pascal avec les disciples, le Seigneur Jésus était conscient que sa souffrance et sa mort étaient proches et absolument irréversibles. Pour les Apôtres, cela était caché. Ils continuaient à faire confiance à la main toute-puissante de Dieu. Lors de la Dernière Cène, Jésus prit le pain et le vin dans ses mains et les proclama qu’ils étaient son Corps et son Sang. Il devenait ainsi évident que sa souffrance était entièrement volontaire.

La toute-puissance de Dieu a pris des contours totalement inattendus et paradoxaux. La toute-puissance de Dieu en Jésus-Christ est la capacité de sauver un homme perdu malgré tout. Le plus grand mal de l'histoire, la trahison et la mort du Messie, s'est transformé en une introduction du cercle des disciples à l'hospitalité toute-puissante et pardonnante de Jésus.

‘Fais de moi un participant à ta dernière Cène, Fils de Dieu, car je ne dévoilerai pas tes mystères à tes ennemis, je ne te donnerai pas le baiser de Judas, mais je te confesserai comme un larron: « Souviens-toi de moi, Seigneur, quand Tu viendras dans ton Royaume. » Dans chaque liturgie divine, l'Église, en tant que Société des Croyants, commémore la dernière Cène du Christ avec ses disciples. Ce souvenir est un signe de gratitude et une demande profondément claire.

L'Église demande que, tout comme elle se souvient des œuvres du Christ dans la célébration de la dernière Cène, mais à un degré incomparablement plus grand, Dieu lui-même en Jésus-Christ par le Saint-Esprit se souvienne de chaque croyant dans le Royaume à venir, qui doit achever l'Histoire. « Le Fils de Dieu et le Saint-Esprit sont les mains de Dieu », écrivait Irénée de Lyon. Par la puissance et la présence réelle de la dernière Cène au cœur même de l'Église, personne ne pourra ravir les fidèles à ces mains divines et miséricordieuses.