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SAINT ISAAC DE DALMATIE

Augustin Sokolovski

En 330, Constantin le Grand fonda une nouvelle capitale de l'Empire romain, appelée Nouvelle Rome, sur la rive européenne du Bosphore. Selon le projet de l'empereur, la ville de Constantin, Constantinople en grec, devait devenir une ville chrétienne orthodoxe, contrairement à Rome, encore pleine d'idoles païennes, ou à Alexandrie, toujours peuplée de faux docteurs et d'hérétiques, et, de plus, située trop loin, en Égypte.

Sept ans seulement après la fondation de Constantinople, alors que Constantin achevait son voyage terrestre, la nouvelle capitale ne comptait déjà pas moins de quinze monastères, dont l'existence est certaine. Peu après, le monastère de Saint-Dalmatus s'y ajouta. Son nom ne vient pas de la région historique de Dalmatie, dans les Balkans, comme beaucoup le pensent, mais de celui de son fondateur et mécène, Dalmatus, qui y devint plus tard moine et fut même glorifié par l'Église comme un saint.

Le premier abbé du monastère dalmate fut saint Isaac. Originaire de Syrie, il vécut d'abord en ermite hors des murs de la ville. Lorsque le nouvel empereur byzantin Valens (364-378) commença à soutenir ouvertement les hérétiques ariens et à persécuter les orthodoxes, Isaac rompit sa solitude et s'avança littéralement contre le souverain en le dénonçant. Valens était alors en guerre contre les Goths. Il ordonna l'arrestation d'Isaac et son enchaînement afin de le traiter de faux prophète prédisant sa défaite pour son hérésie. Cependant, Valens fut bientôt tué, si bien que même son corps, fait rare dans l'histoire romaine, ne fut pas retrouvé. En plus de sa liberté, Isaac acquit également une renommée en tant que confesseur, ce qui devint la vraie raison pour laquelle il fut simplement contraint de diriger le monastère.

Treize siècles plus tard, en 1672, le jour de la Saint-Isaac, le futur premier empereur russe Pierre le Grand naquit à Moscou. Pour honorer son protecteur céleste, Pierre ordonna la construction d'une église portant son nom dans la future nouvelle capitale sur la Neva. L'église fut reconstruite à plusieurs reprises pour devenir la majestueuse cathédrale Saint-Isaac, la plus grande église de Saint-Pétersbourg. Tel est le parcours terrestre et céleste du saint, qui devint le fléau du souverain hérétique Valens et la bénédiction du tsar russe orthodoxe Pierre. Parallèlement, si Constantin quitta les anciennes capitales païennes pour une ville chrétienne sur le Bosphore, alors, comme l'indiquent les historiens, Pierre fonda Saint-Pétersbourg car le vieux Moscou lui semblait trop traditionnel et ecclésiastique.