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PIERRE L’ATHONITE

Le 25 juin, l'Église orthodoxe honore la mémoire de saint Pierre de l'Athos. En raison de la similitude de leurs vies ascétiques, la célébration en l'honneur de saint Pierre a lieu le même jour que celle de saint Onuphre le Grand. Dans les livres liturgiques, les deux saints ont un office commun.

Dans l’histoire du christianisme, Antoine le Grand (251-356) est considéré comme le fondateur du monachisme, et Paul de Thèbes (227-341) est le premier ermite. Antoine avait environ vingt ans de moins que Paul. Tous deux vécurent en Égypte au IVe siècle.

Dans l'histoire monastique de l'Athos, il y eut également deux fondateurs : Athanase de l'Athos (920-1003) et Pierre l’Athonite (650-734). Pierre était un ermite solitaire, et Athanase fonda le monastère le plus célèbre et le plus important de la Montagne Sainte : la Grande Laure. La différence chronologique entre les deux ascètes est d'environ trois siècles. Athanase vécut au tournant du premier et du deuxième millénaire, et Pierre à l'époque de la propagation de l'islam, aux VIIe et VIIIe siècles.

Saint Grégoire Palamas (1296-1359) dédia un sermon à saint Pierre. Ce fut sa première œuvre littéraire. À cette époque, dans les années 30 du XIVe siècle, la vénération de saint Pierre sur l'Athos était en déclin. C'est la parole de Grégoire Palamas qui entama son renouveau.

« Il me semble injuste que nous glorifiions avec zèle ceux qui ont accompli quelque chose de digne d'être rappelé ailleurs dans le monde. Mais nous négligeons l'exemple de tout ce que nous avons de bon chez nous, je veux dire la vie de Pierre », commençait son sermon. Ascète et maître spirituel, que l'Église orthodoxe considère comme l'égal des Pères de l'Église, Grégoire se fit le défenseur des ascètes athonites, dont l'expérience de prière était remise en question par les rationalistes orthodoxes de l'époque. Saint Pierre, ermite et ascète contemplatif (littéralement du grec « hésychaste »), devint pour lui le prototype de la vie et de l’ascèse des moines de l'Athos, contemporains de Grégoire, et qu'il défendit contre les attaques. Ainsi, grâce à Grégoire, de saint homme vénéré localement, Pierre devint un saint pour toute la chrétienté.

La source d'information la plus ancienne sur Pierre est le canon liturgique rédigé par saint Joseph l'Hymnographe (816-886). Le texte raconte que Pierre resta longtemps en silence sur la Sainte Montagne, que ses reliques furent d'abord cachées au monde, et qu'après leur découverte, elles ils sont devenus une source de guérisons.

La vie du saint et les traditions athonites racontent que Pierre, autrefois soldat dans les armées byzantines, fut capturé par les Arabes musulmans. Le seul moyen d'être libéré était de payer une rançon, mais personne ne voulait la payer. Désespéré, il se demanda pourquoi il avait enduré un tel malheur et se souvint soudain qu'un jour, dans un élan de piété, il avait fait vœu à Dieu de se consacrer à la vie monastique, mais qu'il ne l'avait pas accompli. Ayant reçu une délivrance miraculeuse grâce aux prières de saint Nicolas et de saint Siméon de l’Évangile selon St Luc qui lui apparurent en vision, Pierre fit ainsi une nouvelle promesse à Dieu.

L'Empire byzantin de l'époque sombrait dans l'hérésie de l'iconoclasme. Les moines cherchèrent refuge sur les Saintes Montagnes, au nombre de trois à l'époque. Toutes se trouvaient en Asie Mineure et en Anatolie. Ces monastères servaient de refuge contre les iconoclastes, mais étaient la cible des incursions des mêmes conquérants musulmans dont Pierre avait échappé de justesse. Pour les éviter, il se rendit non pas en Asie, mais en Europe, et choisit prophétiquement l'Athos. Il vécut dans une solitude totale pendant plus de cinquante ans, accomplissant l'exploit le plus rare et le plus difficile d’un « saint brouteur » : comme Jean-Baptiste et Marie d'Égypte, il ne mangea que ce qui poussait dans la nature. Même ses vêtements pourrirent.

Le choix de l'Athos s'avéra prophétique. Après tout, l’Athos était bientôt destiné à devenir la quatrième montagne sainte du monachisme byzantin, la seule à survivre, tandis que les autres disparurent suite aux cataclysmes de l'histoire.

La tradition monastique russe a préservé la pratique des deux tonsures, la petite et la grande, lorsque les vœux et la tonsure dans le monachisme sont répétés, c'est-à-dire renouvelés, pour devenir plus stricts. À l'instar des prophètes bibliques qui, sur ordre de Dieu, accomplissaient certaines actions pour annoncer des événements futurs, la vie de saint Pierre de l'Athos offre une explication figurative instructive de cette pratique mystérieuse des deux tonsures. Grâce à un autre grand ascète et maître, saint Théodore-le Studite (759-826), qui vécut un siècle après les événements décrits, et qui insista sur l'existence d'une seule et unique tonsure, la pratique des deux tonsures fut abandonnée dans la tradition grecque. Elle fut cependant préservée dans l'orthodoxie russe.

Pour nous, humbles laïcs, la vie de saint Pierre nous rappelle que Dieu accepte toujours la repentance d’un chrétien, et lorsque nous péchons à nouveau, nous devons littéralement courir pour nous confesser et revenir à Dieu, selon les paroles des psaumes, « comme un cerf court vers les sources d’eau » (Psaume 41 :2), même si cela se répète, encore et encore.