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L’Entrée du Seigneur au Jerusalem

Augustin Sokolovski

Qui sont tous ces gens qui se tiennent sur le chemin du Seigneur vers Jérusalem, qui le saluent en proclamant « Hosanna au plus haut des cieux » ? Ceux-ci sont témoins de ses bienfaits.

Ce sont tous ceux qu’Il a guéris. C'est l'aveugle de la piscine près de la Porte aux moutons. C'est le paralytique. C’est aussi la veuve de Nain, avec son fils, qui était mort et qui est vivant, en bonne santé et heureux. Il est l'un de ces enfants dont la bouche, selon la prophétie des psaumes, loue le Seigneur. C’est l’aveugle-né qui voit maintenant. C’est le démoniaque, et non pas un seul, mais plusieurs obsédés que le Seigneur a guéris : parmi eux se trouve celui en qui vivait une légion de démons. Ils l'ont torturé, ils étaient extrêmement impitoyables et méchants. Mais ce n'est que lorsqu'il les vit se précipiter de la falaise dans l'abîme et tuer les cochons qu'il vit de ses propres yeux à quel point ils étaient terriblement destructeurs.

Tous ces gens se sont rassemblés pour faire leur pèlerinage à Jérusalem et ils attendent maintenant leur Bienfaiteur, sachant qu'Il est le Messie venant dans la Ville Sainte pour régner.

C’est ainsi que nous, qui sommes réunis dans l’église en ce jour, saluons le Seigneur Jésus comme témoins des bénédictions qu’il nous a accordées. L’Église est une société de croyants qui erre dans l’histoire comme Jésus même a été autrefois pendant sa vie terrestre.

Nous sommes témoins des bienfaits du Seigneur, dont la plus importante est la foi. La foi n’est pas le fruit d’un effort personnel et humain, mais un don merveilleux, inexplicable et sans cause. Chacun de nous a reçu la foi dans des circonstances complètement différentes, mais toujours, en fait, comme un don donné gratuitement, c'est-à-dire une grâce.

Certains ont appris la foi de leurs proches, tandis que d’autres, encore enfants, ont emprunté cette foi à l’Église pour la transmettre plus tard à d’autres enfants. Après tout, c’est précisément pour cette raison que les enfants peuvent et doivent être baptisés. Certains sont venus au Christ à l’âge adulte, d’autres l’ont découvert par incrédulité, d’autres se sont convertis à partir d’autres religions. Beaucoup sont issus de l'agnosticisme - cette nouvelle dimension véritablement universelle du christianisme, qui, comme beaucoup de ce qui appartient à l'ère postmoderne, combine l'ouverture prometteuse et la fermeture solitaire de la solitude de l'homme moderne.

Nous nous tenons avec des rameaux, comme les gens se tenaient autrefois pour saluer le Seigneur à l’entrée et aux abords de la Ville Sainte. Il y a beaucoup de symbolisme dans les branches de palmier.

L’un de ces symboles était très important durant la vie terrestre de Jésus-Christ. Après tout, la branche de palmier était alors la bannière de l’indépendance d’Israël vis-à-vis de la domination de l’Empire romain. La branche de palmier était un drapeau et un signe très clair qui signifiait la détermination à résister à la domination païenne. C’était un signe de courage biblique.

Nous ne devons pas accuser de passion politique ceux qui ont alors salué le Seigneur, comme de nombreux commentateurs des Écritures le font souvent. Le concept biblique du Messie a toujours contenu une dimension politique, Il n’y avait pas de division entre le religieux et le séculier, entre le spirituel et le politique dans l’ancien Israël.

C’est le christianisme qui a apporté une nouvelle définition du concept de religion. Auparavant on croyait que la religion était une manière de connecter l’humain et le divin. Mais dans la perspective du Nouveau Testament, une personne véritablement religieuse est celle qui est capable de faire des divisions correctement. « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu », dit Jésus lui-même dans l’Évangile. Dans la perspective du Nouveau Testament, la politique est une communication entre individus, une question de choix et, finalement, la forme la plus élevée d’amour pour son prochain.

Nous qui vivons aujourd'hui dans ce monde, vivant cette vie unique que le Seigneur nous a donnée et qu'il nous offre, nous nous levons avec des branches de palmier et chantons : « Maintenant, la grâce du Saint-Esprit nous a rassemblés. Nous avons pris ta croix et proclamons : Hosanna au plus haut des cieux ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. » Outre le tropaire, cette courte stichère est l’hymne clé de la fête d’aujourd’hui dans la liturgie orthodoxe.

Il convient de noter que, contrairement à la pratique latine traditionnelle, l'Entrée du Seigneur à Jérusalem dans l'Orthodoxie n'a pas de nature triste et n'appartient pas à la Semaine Sainte. C’est très important, car cela nous aide à mieux comprendre la véritable dimension biblique de ce triomphe messianique dans la fête liturgique.

« Nous avons pris Ta Croix et nous disons Hosanna ! » En effet, la branche de palmier, ou toute autre branche de ce jour, est un symbole de la Croix et du Christ lui-même. La foi de l’Église dit que Lui, l’homme nouveau, sans péché et le second Adam, comme Paul appelait le Seigneur, n’avait pas à mourir.

Rappelons-nous le figuier maudit par le Seigneur dans l’Évangile. Jésus a pris sur lui le péché du monde et est tombé dans le sommeil de la mort pour notre réveil. C'était complètement volontaire.

C’est pourquoi le figuier de l’Évangile ne devait pas encore porter de fruit. Mais elle fut maudite comme une prophétie de la Croix du Seigneur. Le figuier fut maudit à l'image de la Croix et du Christ lui-même qui a pris notre malédiction et tous nos malheurs pour nous en libérer.

Nous tenons des rameaux dans nos mains et, comme les enfants et tous ceux qui, il y a presque deux mille ans, ont salué le Christ, nous proclamons aussi notre indépendance. Nous sommes indépendants de l'Enfer et de la Mort, nous avons acquis cette liberté par le don de la grâce, dans le baptême et la communion, aux grands Mystères du Christ. Nous y avons renoncé, mais malheur à nous si ce renoncement n’est que paroles. Mais nous avons confiance en la grâce. Conformément à l’enseignement des anciens Pères de l’Église, nous demandons à Dieu le don de la Persévérance.

Dans nos églises, en ce jour de fête de l'Entrée du Seigneur, nous attendons sa Seconde Glorieuse Venue, lorsque la Nouvelle Jérusalem descendra du Ciel. Ainsi s’achèvera l’histoire de la rédemption du monde. Il s’avère ainsi que l’Entrée du Seigneur à Jérusalem est une fête du futur. C’est une célébration eschatologique, véritablement à venir.

Dieu est l’avenir de l’homme. Hosanna. C’est ce que proclame l’Église orthodoxe aujourd’hui. Béni soit Jésus, qui revient au nom de Dieu le Père.