Augustin Sokolovski
Pendant le Grand Carême, la Divine Liturgie des Dons Présanctifiés est célébrée dans les églises orthodoxes. Dans sa composition, ce sont « juste » des vêpres avec communion. Nous recevons la Sainte Communion. Ce service est de nature pénitentielle. La prière de saint Éphraïm est lue et des prosternations sont faites.
Selon la tradition, le service des dons présanctifiés est appelé « Liturgie ». Ce nom « liturgie » est conditionnel, au sens littéral, un tel nom est incorrect. Car le Corps et le Sang du Christ pour la communion ont été consacrés le dimanche précédent lors de la liturgie de saint Basile le Grand. Au service des dons présanctifiés nous recevons la communion. Il n’y a pas de consécration, ou de transsubstantiation, du pain et du vin dans le Corps et le Sang du Christ.
La prière eucharistique n'est pas célébrée du tout en semaine pendant le Grand Carême dans l'Église orthodoxe. L'exception est la fête de l'Annonciation. Le jour de l'Annonciation, selon les règles, la liturgie de Jean Chrysostome est célébrée.
« Car toutes les fois que vous mangez ce pain et buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne », écrit l'apôtre Paul (1 Cor. 11 :26). À chaque instant, les chrétiens attendent la seconde venue du Christ. C'est dans ce contexte d'attente que Paul commande que l'Eucharistie soit célébrée en tout temps.
Pourquoi l'Église orthodoxe ne célèbre-t-elle pas la liturgie eucharistique les jours de semaine du Grand Carême, du lundi au vendredi ? Il est important de savoir qu’un tel refus n’a et ne peut avoir aucune raison dogmatique.
Il s’agit simplement d’une pratique ancienne devenue générale dans l’Église orthodoxe. Le temps, les nombreux siècles qui se sont écoulés depuis son introduction l’ont rendu obligatoire. La théologie et la piété populaire ont trouvé diverses explications à cette pratique de s'abstenir de célébrer la liturgie eucharistique. Certaines de ces explications sont très édifiantes, d’autres ne correspondent pas à la réalité. Un chrétien orthodoxe devrait être capable de distinguer la vérité dogmatique des simples opinions humaines. Ces dernières peuvent être très utiles, mais elles sont toujours temporaires.
La tradition orthodoxe désigne le pape saint Grégoire le Grand (540-604) comme l'auteur du service des dons présanctifiés. Le prototype et l'exemple de Grégoire en matière de foi et de moralité, le Père de l'Église saint Augustin (354-430), qui vécut près de deux siècles avant lui, écrivit : "Le Fils de Dieu, étant hors du temps, est lui-même devenu temporaire. Il est devenu temps pour nous libérer du temps". Nous devenons un avec le Christ Dieu dans la communion des Saints Mystères.